Une commune pour prendre le pouvoir !

Depuis la publication de notre projet alternatif en avril 2021, nous n’avons pas désarmé. Notre comité se présente à toutes les manifestations et les réunions en lien avec la santé à Paris.

Tous les hôpitaux sont aujourd’hui en grève perlée selon des modalités différentes et dans l’espoir de conquêtes différentes. Nous nous sommes concentrés sur deux luttes principales : Grand-Paris-Nord-Bichat-Beaujon et Hôtel-Dieu.

Malgré ces luttes, nous déplorions dans notre éditorial de juin l’absence de mobilisation populaire sur les questions de santé. Depuis, le pass sanitaire est entré en vigueur. Tout l’été, les anti-pass se sont mobilisés, subissant des campagnes de discrédit médiatique. Nous avons suivi ces mobilisations dans l’espoir de les voir déboucher sur une véritable organisation populaire de lutte. Mais il n’en est rien. Le niveau d’organisation révolutionnaire est encore balbutiant.

Notre comité a effectué tout l’été un travail de veille auprès de tous les comités de la commune : comité de lutte CGT Hôtel-Dieu, comité PCF Paris Centre, comité de défense Bichat-Beaujon, collectif « Pas ça, pas là, pas comme ça ». Notre constat : les comités pâtissent de l’absence d’organisation révolutionnaire. De nombreuses dissentions font rage en leur sein.

À l’hôpital Grand-Paris-Nord, les derniers mois ont démontré la capacité organisatrice du comité « Pas ça, pas là, pas comme ça ». Contre l’opposition attendue entre les hôpitaux, consistant en une lutte fratricide renvoyant les travailleurs des différents hôpitaux dos-à-dos, le comité a réussi à imposer une lutte en faveur des trois hôpitaux à la fois : et Bichat, et Beaujon, et le Grand-Paris-Nord. Cette capacité à unir les travailleurs se doit d’être louée. Elle est à la hauteur de l’ambition sanitaire que porte notre commune depuis bientôt un an. Pendant ce temps, les appareils syndicaux (CGT et FO) et les appareils politiques (PCF, FI et POI) entravent la marche.

À l’Hôtel-Dieu, le projet Novaxia souffre de notre présence. Une crise fait rage au sein du comité de lutte CGT. Alors que l’union syndicale de l’assistance publique (USAP-CGT) cherche encore à pactiser avec l’ennemi, la CGT de l’Hôtel-Dieu se positionne pour un affrontement total contre tous ceux qui travaillent à l’affaiblissement et à la disparition de l’hôpital Hôtel-Dieu. Les crises internes ne sont jamais fortuites. Pendant que nos forces sont mobilisées par une crise interne, notre capacité d’action est fragilisée.

L’heure est à l’archéologie préventive, au changement de maitre d’œuvre et au report des travaux après les jeux olympiques de 2024. Le 4 octobre, les grands de ce monde ont signé à l’Hôtel-Dieu une convention établissant un « accélérateur de start-up spécialisées dans la santé numérique »[1]. Étaient présents : Olivier Véran, ministre de la santé, Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, Johannes Fruehauf, PDG de BioLabs et Joachim Azan, président fondateur de Novaxia. À cette occasion, nous avons été reçus par Alexandre Fritsch, directeur de l’Hôtel-Dieu, et Sébastien Delescluse, membre du cabinet d’Olivier Véran. L’audience avait pour objectif de détourner notre attention de la réunion officielle à laquelle il nous était défendu de nous rendre. Alexandre Fritsch a loué le projet Novaxia : l’Hôtel-Dieu reste un hôpital – mais sur les ⅔ de sa surface actuelle seulement. Sébastien Delescluse a répété le discours habituel d’Olivier Véran : le Ségur de la santé a été un succès.

Pour nous, il s’agit de mettre la volonté du peuple en action. Nous avons eu l’occasion de participer à un débat réunissant plusieurs comités de la commune en cette rentrée. Le samedi 11 septembre, à la fête de l’Humanité, était organisé un débat sur les politiques de santé et les luttes à l’AP-HP au stand de la fédération de Paris. À la tribune : Nicolas Bonnet, Laurence Cohen, Nicolas Da Silva et Denis Vemclefs. Denis Vemclefs représente le collectif « Hôpital Nord : pas ça, pas là, pas comme ça » qui promeut un projet alternatif pour les hôpitaux Grand-Paris-Nord, Bichat et Beaujon. Nicolas Da Silva, maitre de conférences en économie à l’université Paris-13, spécialiste de la question du financement de la sécurité sociale, met en perspective les luttes. Si les gouvernements ne mettent pas en place un financement adéquat de la sécurité sociale et des hôpitaux, ce n’est pas par manque de moyen, c’est par volonté politique. Laurence Cohen dresse un état des luttes au niveau national et rend compte de l’activité des sénateurs communistes sur les questions de santé (PLFSS). Nicolas Bonnet, conseiller de Paris, rend compte de son action en ce qui concerne la question de l’Hôtel-Dieu (vœu en faveur du pacte hospitalier de l’Hôtel-Dieu). Ce pacte oblige ses signataires à s’opposer au projet Novaxia et à promouvoir notre projet alternatif. Notre camarade Aline a pris la parole au nom de la commune pour rappeler notre engagement en faveur d’une prise de pouvoir démocratique et populaire de l’Hôtel-Dieu.

Le 20 novembre, à l’occasion de l’anniversaire de notre commune, nous proposons de prolonger cet échange. Un programme détaillé sera bientôt disponible en ligne.

Editorial d’octobre 2021 du comité


[1] https://www.usine-digitale.fr/article/l-hopital-hotel-dieu-lance-son-accelerateur-a-start-up-specialise-dans-la-sante-numerique.N1147147